Le Fonds National de la Finance Inclusive (FNFI) célèbre ce Mercredi 25 Janvier 2017, son 3e anniversaire. A l’occasion, M. Manawé GNABA, Directeur Général de l’institution dresse un bilan depuis 2014 et trace les perspectives pour l’année en cours.
Le FNFI est créé pour aider ou accompagner les personnes vulnérables exclues des services financiers classiques, après trois ans d’activités, êtes vous satisfait de votre mission à mi-parcours ?
Officiellement lancé le 25 Janvier 2014, le Fonds National de la Finance Inclusive (FNFI) est une réponse institutionnelle de l’Etat Togolais à l’épineuse question de l’exclusion financière d’une importante catégorie de la population togolaise que sont les femmes, les hommes, les jeunes, les paysans, les artisans….Cette couche vulnérable exclue des systèmes classiques de financement.
A mi-parcours, le FNFI est d’autant plus satisfait de cette mission car il a permis à plus de 700.000 togolais d’avoir accès aux services financiers pour le démarrage ou la consolidation de leurs activités génératrices de revenus. Ceci est une preuve que l’inclusion financière est en marche dans notre pays.
Quels ont été les couches atteintes par vos produits APSEF, AGRISEF et AJSEF et quelles sont leur spécificités ?
Trois produits sont mis en œuvre par les Prestataires de Services Financiers (PSF) Partenaires du FNFI au profit des personnes vulnérables exclues des services financiers classiques :
· Accès des Pauvres aux Services Financiers (APSEF) : Produit générique à 4 cycles de 30.000 FCFA à 50.000 FCFA, destiné aux femmes et hommes pauvres économiquement et potentiellement actifs pour les petites activités génératrices de revenus tous secteurs d’activités confondus.
· Accès des Agriculteurs aux Services Financiers (AGRISEF) : produit spécialisé à 2 cycles de 100.000 FCFA destiné aux petits exploitants agricoles pour des activités de chaines de valeurs agricoles.
· Accès des Jeunes aux Services Financiers (AJSEF) : produit spécialisé de deux cycles de 300.000 FCFA destiné aux jeunes artisans en fin d’apprentissage et ou en activités (tout corps de métier et diplômé sans emploi porteur d’idées dans les domaines de la transformation et des services TIC.)
Faites nous l’Etat des lieux des recouvrements des fonds alloués et leur renouvellement ?
Il y a deux taux de remboursements de crédits qu’il faut considérer, en fonction du mode opératoire du FNFI basé sur le principe du ‘’faire faire’’ : le taux de remboursement des Prestataires de Services Financiers (PSF) vers le FNFI et le taux de remboursement des bénéficiaires vers les PSF.
Taux de remboursement des PSF vers le FNFI en 2014 et 2015
· En 2014, le taux de remboursement des PSF vers le FNFI est de 100 %. Tous les concours que le FNFI a consentis aux PSF sous forme de mises à dispositions de fonds de crédit en 2014 ont été totalement remboursés au FNFI.
· A fin 2015, ce taux est de 93,7%. Les montants échus à fin 2015 et en retard ont été complètement payées au FNFI à fin Mars 2016.
Taux de remboursement des bénéficiaires vers les PSF 2014 et 2015
Le taux de remboursement moyen des bénéficiaires vers les 18 PSF à fin 2014 était de 93%. De très bonnes performances ont été notées par endroit, notamment avec COOPEC SIFA (100%) et U CMECS (99%) dans le Région des Savanes, avec MUFEC (94%) dans la Région de la Kara, URCLEC (96%) dans la région centrale, COOPEC-ILEMA (99%) dans la région des plateaux, COCEC (93%) dans la région Maritime. D’autres PSF ayant une couverture nationale ont obtenu également de bonnes performances. On peut citer ECHOPPE TOGO (97%) et COOPEC AD (97%).
A fin Décembre 2015, le taux de remboursement moyen des bénéficiaires vers les 26 PSF était de l’ordre de 90 % en légère baisse par rapport à 2014, du fait que l’année 2015 ait connu l’introduction de deux nouveaux produits plus complexes AGRISEF et AJSEF : le premier fortement lié aux aléas climatiques et le deuxième dépendant de la bonne foi des jeunes à rembourser.
Les actions de recouvrement se poursuivent sur le terrain et des mesures idoines sont mises en route pour corriger cette situation dans toutes les régions. La plupart des impayés notés sont le fait de la mauvaise foi des bénéficiaires ou de la mauvaise perception des crédits FNFI, conséquence d’une désinformation.
Des fois, la vraie information qui est relative au fait que les crédits FNFI ne sont pas des dons, mais plutôt des crédits adaptés, destinés à assurer l’inclusion financière des populations exclues, donc des crédits à rembourser n’est pas celle qui est servie aux bénéficiaires finaux sur le terrain.
Le FNFI a reçu de l’Etat, de 2014 à fin décembre 2016, un montant de 28,890 milliards de F CFA directement du trésor public et 9.890 Milliards F CFA provenant de la BOAD pour faire les opérations de crédit et assurer le fonctionnement du Fonds.
Le total cumulé des crédits accordés par le FNFI aux PSF s’élève à 45,6 milliards F CFA dont 18,1 milliards F CFA ayant servi a faire 460 935 renouvellements de crédits APSEF, AGRISEF et AJSEF à ce jour, grâce au système de revolving : les crédits remboursés permettant de faire de nouveaux crédits avec les mêmes ressources.
Ce qui démontre que les ressources mobilisées ont pu faire l’objet de remboursement et que les sommes remboursées ont pu être réinjectées dans plusieurs cycles de prêts. Les renouvellements de crédits du FNFI vers les PSF dont le montant total s’élève à plus de 18,1 milliards F CFA constituent donc l’ossature majeure des opérations du FNFI et surtout la preuve que les crédits FNFI se remboursent par les bénéficiaires en dépit de quelques difficultés qui subsistent.
Des rumeurs avaient fait état de ce que certaines personnes à qui les fonds ont été alloués et qui n’ont pas pu payer auraient été interpellées, vous confirmez ?
Comme vous le savez, dans toutes activités de crédits, il y a des poches de personnes de mauvaise foi qui n’honorent pas leurs engagements. Vous comprenez qu’étant donné que les bénéficiaires sont constitués en groupes solidaires, lorsqu’un bénéficiaire ne rembourse pas son crédit, cela pénalise les autres membres du groupe dans l’octroi du cycle supérieur du crédit.
C’est donc dans ce sens que nous avons pris un certain nombre d’initiatives pour amener toutes les personnes de mauvaise foi à comprendre le bien fondé des remboursements de crédits et honorer leurs engagements à temps. Nous avons sollicité et obtenu l’appui des préfets et des chefs traditionnels dans la sensibilisation des bénéficiaires pour un recouvrement harmonieux des crédits, et ceci dans toutes les préfectures de notre pays.
La Fédération des Bénéficiaires des Services Financiers, dont le bureau a été officiellement installé le 15 Avril 2015 par le Président de la République est très active aussi dans toutes les préfectures pour la sensibilisation des bénéficiaires.
A cela, il faut aussi ajouter toutes les Fédérations Préfectorales Développement à la Base. C’est donc une véritable coalition que nous devons tous former autour de la question des remboursements des crédits et ceci doit se faire dans le respect des droits humains.
Plus de 25 Milliards de francs CFA ont été affectés aux IMF pour servir les populations vulnérables, comment les fonds ont été répartis et sur quels critères les IMF ont été choisies ?
D’abord comment ces PSF sont ils choisis ? Les Prestataires de Services Financiers partenaires du FNFI sont des professionnels de micro finance outillés et dopés pour accompagner le Gouvernement dans sa politique d’inclusion financière. Ils ont été sélectionnés par appel à candidature ouvert et les dossiers de soumissions évalués suivant les critères de la BCEAO relatifs à l’existence légale et à la structure financière des institutions d’une part et d’autres part les critères de couverture géographique et d’adhésion à la vision du FNFI d’être un programme au service de tous les togolais et offrir des services variés dans les zones les plus reculées.
Ensuite, une convention de Partenariat et de Performance est signée entre le FNFI et chacun des PSF sélectionnés.
Les fonds sont mis à la disposition des PSF sur requêtes de mises à disposition après sensibilisation, identification et formation en éducation financière des bénéficiaires potentiels et ceci en fonction des zones d’intervention des PSF définis au préalable.
D’après votre bilan, plus de 700.000 personnes ont été touchées par vos produits pour diminuer un temps soit peu la grande misère. Y a-t-il des indicateurs qui attestent aujourd’hui que l’initiative a effectivement réduit la pauvreté dans le pays ?
Il est trop tôt de parler d’impacts après seulement trois ans d’exécution. Cependant, il est clair et les résultats le démontrent que le FNFI a des effets directs et induits sur le développement à la base et sur la lutte contre la pauvreté.
Prenons quelques exemples :
Le produit de base du FNFI, le produit générique APSEF, Accès des Pauvres aux Services Financiers a apporté une vraie évolution socio-économique dans la vie de plus de 528 634 togolais (90% étant des femmes). Ces femmes pratiquent de petites activités génératrices de revenus qui leur permettent d’avoir le minimum vital et de prendre en charge les soins de santé primaire, l’alimentation et les frais scolaires de leurs enfants. Les fédérations préfectorales de développement à la base ont joué un rôle très déterminant dans la promotion de ce produit, et je tiens à les en remercier.
Le Produit AGRISEF, Accès des Agriculteurs aux Services Financiers a, permis à plus de 155 979 agriculteurs (50 % femmes et 50 % hommes) d’acquérir des intrants agricoles, engrais, semences, main d’œuvre pour améliorer la pratique de l’agriculture et ainsi améliorer leur productivité et production. Les paysans sont très demandeurs de ce produit et il faut saluer la bonne synergie entre le Ministère du Développement à la Base, le Ministère de l’Agriculture et tous les services techniques d’appui pour la bonne mise en place de ce produit sur le terrain par les Institutions de Microfinance.
Quand on sait que 70 % de togolais vivent en milieu rural, il est évident que le produit AGRISEF va être une puissante locomotive pour amoindrir la pauvreté dans nos villages et cantons, et donc à l’échelle nationale.
Le Produit AJSEF, Accès des Jeunes aux Services Financiers, est un crédit spécialement conçu pour les jeunes, qui, malgré quelques difficultés de démarrage, a un modus operandi effectif. Nous avons travaillé avec les Chambres de Métiers des différentes régions, les associations de jeunes, les différents Prestataires de Services Techniques et Financiers pour concevoir un produit qui répond aux attentes des jeunes, surtout des jeunes artisans.
A ce jour, AJSEF a permis de toucher plus de 14 956 jeunes sur l’ensemble du territoire et le nombre de bénéficiaires va continuer d’augmenter.
Tous ces produits permettent aux bénéficiaires de se prendre en charge, d’améliorer les conditions de vie de leurs familles et donc ont un effet direct sur la réduction de la pauvreté.
Il faut ici saluer le rôle important joué par la Fédération des Bénéficiaires des Services Financiers du FNFI (FEBESEF) et des Fédérations Développement à la Base pour leurs contributions dans l’identification des groupes bénéficiaires des services financiers, dans le suivi des crédits, et dans les remboursements.
Les conclusions d’une évaluation à mi parcours des activités du FNFI en cours de finalisation permettront certainement d’avoir un peu plus de précision sur les impacts de nos produits sur la vie des bénéficiaires.
Quelle sera la prochaine étape pour la nouvelle année en termes de nouveaux produits et de nouvelles personnes à servir ?
A partir de 2017, 4e année d’existence, le Fonds va poursuivre et consolider l’inclusion financière et sociale des populations en touchant de nouvelles personnes en mettant beaucoup plus l’accent sur la qualité des interventions et la sensibilisation pour optimiser le remboursement des crédits.
D’autres produits seront également au rendez-vous :
· Le produit d’accompagnement spécial, crédit destiné à prendre en charge les bénéficiaires de fin de cycle des produits APSEF (Montant maximum : 100 000 F CFA), AGRISEF (Montant maximum 130.000 F CFA) sur une durée de 12 mois afin de devenir client classique des IMF.
· Le produit développé dans le cadre du Projet d’Appui à l’Inclusion Financière des femmes vulnérables (PAIFV) de la BAD destiné à certaines cibles plus vulnérables.
2017 devra voir l’introduction de nouveaux produits autres que les produits de crédits, notamment le mobile banking et l’éducation financière.
Le FNFI doit également consolider son Programme Assurance qui est une solution assurantielle pour les populations, bénéficiaires des produits du FNFI en vue d’assurer la pérennité des activités de ces derniers en cas de survenance d’événements malheureux et renforcer l’inclusion sociale des populations.
Dites nous si le FNFI a une fin de vie ?
Le FNFI est une institution qui a une mission sociale au bénéficie des togolais. Pris comme tel, il doit être une institution pérenne. Le schéma directeur du FNFI est étalé de 2014 à 2018. Ceci ne veut pas dire que les interventions du FNFI devront prendre fin en 2018. Bien au contraire, les activités menées jusqu’en 2018 nous permettront de nous repositionner pour mettre en orbite d’autres produits mieux adaptés aux besoins de nos populations. Vous convenez bien avec nous, que depuis 2014, il ya malheureusement certaines couches de nos populations qui ne sont pas encore totalement couvertes par nos différents produits.
Mot de fin et vos vœux
Je voudrais en ce début d’année formuler à tous les Togolais, à nos principaux Partenaires Techniques et Financiers, Prestataires de Services Financiers, différentes fédérations et bénéficiaires de nos produits, mes vœux de bonne et heureuse année 2017, de santé, de paix profonde et de prospérité à tous les niveaux. L’année 2017 devra marquer une intensification des activités de l’inclusion financière.
Adressant également mes vœux de Bonne et Heureuse Année 2017 à tous les médias, j’aimerais inviter les journalistes à davantage accompagner et soutenir les activités du FNFI à travers le relais des informations justes à la population.
Je vous remercie.