Victoire Dogbé fait lepoint au micro de Radio Victoire FM

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1.Madame le Ministre bonjour. Le Ministère du « Développement à la Base ». Comment s’explique ce concept ?

M. Gerardo, merci beaucoup. Je voudrais avant tout propos remercier sincèrement  Radio Victoire pour ce rendez-vous annuel qui nous permet de partager avec vos auditeurs les points les plus importants de notre action au cours de l’année qui s’achève.

Pour revenir à votre question, le concept de développement à la base se résume en une phrase : il s’agit de donner la priorité à l’être humain comme acteur principal de son propre développement.

Il s’agit plus  précisément  d’accompagner les communautés à la base dans la mise en œuvre d’un ensemble d’actions qui sont  intégrées et cohérentes qui  visent  à améliorer les conditions de vie  de ces populations et leur niveau revenus. Ces initiatives sont en générale identifiées, planifiées et mises en œuvre par les populations elles-mêmes qui sont  mobilisées, organisées suivant une démarche participative c’est-à-dire que la population s’implique dans la mise en œuvre de ses actions.

Le développement à la base c’est donc un développement inclusif c’est-à-dire centré sur les besoins fondamentaux des populations, leur propre capacité d’organisation et fondé sur une approche participative et inclusive comme je l’ai dit tant tôt.

2.Ainsi donc, dans le champ d’action de votre département, nous citons les acteurs du développement communautaire, les artisans, les femmes commerçantes, les femmes rurales, etc. Quelle est la stratégie mise en place pour répondre aux préoccupations de ces différentes catégories ?

Ce qui est essentiel et qu’il faut souligner c’est que les projets et programmes que nous mettons en œuvre au ministère du développement à la base  sont initiés pour répondre aux besoins prioritaires et réels des communautés dont font partie ces groupes que vous avez ciblez : les artisans, les femmes commerçantes, les femmes rurales. Ces initiatives découlent des stratégies mises en place pour l’atteinte de cette belle et grande vision  celle d’assurer aux Togolaises et Togolais l’accès au minimum vital commun. Quand on parle de minimal vital commun, c’est ce minimum dont on a besoin pour vivre décemment c’est-à-dire, se nourrir, s’éduquer, se soigner, se loger et vaquer librement à ses occupations et gagner de l’argent. Ceci passe par l’élaboration et la réalisation des projets qui couvrent ces domaines que je viens de citer l’alimentation et la nutrition, la santé, l’éducation, l’accès à l’eau potable et à l’hygiène, le développement de la capacité des populations à générer la richesse, le désenclavement des différentes localités.

Nous avons des exemples que nous pouvons cités parce que nous ne  sommes dans  la théorie nous sommes sur des cas concrets, pratique, nous sommes dans l’opération quotidien. Par exemple le projet des filets sociaux de base (FSB) qui a été lancé avec l’appui de la banque mondiale à travers les cantines scolaires, permet à chaque enfant qui fréquente d’avoir un repas par jour ceci a un impact positif sur le taux de réussite des élèves. Nous avons d’autres projets qui touchent les jeunes de notre pays ,il s’agit du  FAEIJ, le PRADEB, le projet d’emploi des jeunes vulnérables (EJV), le PAEIJ-SP qui soutiennent l’entreprenariat des jeunes notamment l’entreprenariat agricole, les Plateformes multifonctionnelles qui favorisent la transformation des produits agro-alimentaires contribuent à répondre à la problématique de l’alimentation et la nutrition et assure l’autonomisation de la femme en milieux rural.

L’ANADEB à travers la construction/la réhabilitation  et l’équipement d’infrastructures socio-collectives telles que les unités de soins périphériques, les forages d’eau, les bâtiments scolaires et les pistes rurales dans les localités les plus pauvres, contribuent à répondre aux besoins en matière de santé, d’éducation, d’accès à l’eau potable et permettent le désenclavement de ces localités.

De même, le projet de soutien aux activités économiques des groupements (PSAEG, le programme national de développement de la plateforme multifonctionnelle (PN-PTFM) et le PRADEB ont permis d’enclencher une véritable dynamique d’autonomisation des femmes rurales à travers le renforcement des capacités des groupements, majoritairement constitués de femmes.

Les organes que nous avons  cités tout à l’heure ont justement pour mission de mettre en place les mécanismes permettant d’atteindre cette vision et de répondre aux préoccupations de ces différentes catégories.

3.Quelles sont les missions que vous avez confiées à l’ANVT, l’ANADEB, le PRADEB, le FAIEJ ; autant d’organes qui résultent de la vision du Chef de l’Etat et de la vôtre ?

 

L’objectif général de tous ces projets est de contribuer à la réduction de la pauvreté à travers l’amélioration de l’accès des communautés et des organisations à la base au minimum vital commun, en les dotant de capacités institutionnelles ,techniques et financières suffisantes pour concevoir, mettre en œuvre et gérer de manière participative des initiatives leur permettant une auto prise en charge. Mais plus particulièrement,

  • L’ANVT a pour objectif de mettre en place un mécanisme de mobilisation et de valorisation sociale des ressources humaines disponibles dans le pays, de promouvoir et valoriser l’engagement volontaire à travers la participation aux solutions de développement du pays, d’initier une amélioration des conditions de vies des populations vulnérables en créant des capacités aussi bien au niveau des communautés que des structures d’appui
  • L’objectif visé par l’ANADEB est d’assurer la mise en œuvre de la Politique Nationale de Développement (PNDB) et veiller à la l’intégration de la dimension « développement à la base «  dans les politiques, plan, programmes et projets de développement,
  • Le PRADEB a pour objectif de renforcer les capacités d’organisation et de fonctionnement de 500 groupements d’intérêt économique.

Encadrer et faciliter l’accès au micro-crédit à 500 groupements d’intérêt économique, pour la    conduite d’activités génératrices de revenus.

  • Le FAEIJ vise à promouvoir l’entrepreneuriat des jeunes dans une dynamique d’insertion socio-économique et professionnelle.

4.A mettre à l’actif du développement à la base en 2018, les résultats au niveau de l’entreprenariat, de l’artisanat et des filets sociaux. Pouvez-vous expliquer aux auditeurs ce qui a réellement été fait ?

Pour le compte de l’année 2018, nous avons poursuivi Dans le secteur de la promotion du développement à la base en 2018, près de 40 infrastructures socioéconomiques ont été réalisées au profit des communautés. 345 groupements d’intérêt économique ont été accompagnés et financés. 91 394 élèves ont bénéficié des cantines scolaires et 52 000 ménages ont reçu des transferts monétaires.

Dans le secteur du développement de l’artisanat, 1852 artisans ont été formés en techniques de métiers et 397 autres ont participé aux foires nationales et internationales.

Dans le secteur de la promotion de la jeunesse et de l’emploi des jeunes, il y a 500 volontaires nationaux qui ont été déployés dans les communautés. 1179 jeunes ont bénéficié du programme Vacances Utiles et Citoyennes dans les centres aérés et 132 jeunes ont participé à des stages d’excellence. 100 000 jeunes ont été sensibilisés ou formés sur des questions de citoyenneté, d’engagement civique et de leadership. 2406 jeunes ont été financés par le PAIEJ-SP et le FAIEJ et 2380 d’entre eux ont créé des emplois durables et 57 365 emplois temporaires ont été créées pour les jeunes et les femmes.

En sommes nous avons réalisé 94% de notre lettre de mission pour un taux de décaissement de …

5.2018 a été marqué entre autre par le volontariat d’engagement citoyen, la formation des CDQ et CVD à qui il a été remis par la suite des outils, la construction de certaines infrastructures en milieu rural : Construction de marchés un peu partout, construction des CMS, formation de certains paysans à la transformation de la tomate, etc. Qu’est ce qui s’est ajouté  à tout ceci en 2018 ?

Au-delà de tout ce qui a été précité, nous avons lancé le Volontariat international de réciprocité qui consiste en un échange de volontaires entre deux pays de la zone CEDEAO ou 04 volontaires togolais ont appuyé une structure malienne pour une durée d’un an et 02 volontaires maliens ont fait le chemin inverse. Ce projet est à sa phase expérimentale et après capitalisation des informations sur la réussite du projet, nous sommes sollicités un peu partout dans le monde pour amorcer ce processus d’échanges de volontaires. Egalement, 05 volontaires togolais ont effectué des missions d’intérêt général en France pour une période de 6 mois minimum.

6. Comment réagissez-vous aux propos de certaines personnes qui disent que les filets sociaux c’est bien mais qu’il faut aller maintenant au-delà et initier par exemple des projets dont la finalité serait l’autonomisation des femmes et même des hommes en milieu rural ?

Le genre de projets dont vous parlez existe déjà ! Cela fait 10 ans que le Projet de Soutien aux Activités Economiques des Groupements (PSAEG), finance les groupements d’intérêt économique dans les 5 régions du pays. Le Programme national des plateformes multifonctionnelles depuis 2011 apporte une réponse aux besoins prioritaires des populations rurales en matière d’accès aux services énergétiques et constitue par la même occasion un puissant outil de promotion de l’entreprenariat féminin et d’autonomisation de la femme rurale. Il en va de même pour le PRADEB qui a financé et accompagné 25 Groupements d’Intérêt Economique au cours de cette année 2018.

7.Dans le domaine de l’artisanat, nous signalions l’année dernière l’installation des membres de l’Union des Chambres Régionales des Métiers ? Quel changement cela a apporté ?

L’artisanat de nos jours, s’impose comme un maillon important de l’économie de notre pays. C’est un secteur porteur de croissance économique et pourvoyeur d’emplois, deux agrégats importants  de lutte contre la pauvreté et le chômage dans les zones urbaines et rurales.

Pour mieux organiser ce secteur, le Gouvernement a adoptée en 2011, la politique nationale de développement de l’artisanat a pour vision à l’horizon 2030, de rendre le secteur de l’artisanat viable, compétitif, capable de répondre à la demande des consommateurs locaux, de conquérir les marchés sous régional, régional et international.

Pour réaliser cette vision nous avons, depuis plus d’un an déjà, entrepris des réformes dans l’organisation du secteur de l’artisanat pour en faire un secteur créateur de richesses et en améliorer la gouvernance. Les instances dirigeantes des chambres des métiers aux niveaux national, régional et  préfectoral  ont été renouvelées. L’innovation de ces réformes est la création de l’union des chambres régionales des métiers avec l’investiture du bureau exécutif en 2017. L’Union des Chambres Régionales des Métiers est une entité qui porte les questions transversales à toutes les Centres Régionaux de Métiers et s’active à trouver des solutions satisfaisantes à celles-ci. Elle permet aux artisans de mieux s’organiser afin de mieux défendre leurs intérêts.

8. Malgré tous efforts, la lancinante question du chômage des jeunes est toujours d’actualité. Ne pensez-vous pas que la solution viendrait plutôt d’un secteur privé très fort avec des entreprises capables d’absorber une grande partie du flot des diplômés qui inonde chaque marché ?

Nous l’avons toujours dit,  la meilleure façon de trouver un emploi est de le créer soi-même. Nous croyons fermement en l’entrepreunariat des jeunes comme une force capable de booster la croissance économique et favoriser la création d’emplois et la réduction du sous-emploi. Les succès enregistrés par des centaines de jeunes accompagnés par les mécanismes que nous avons mis en place parlent d’eux même. Nous croyons également que le secteur privé est un secteur créateur d’emplois qui peut absorber les jeunes diplômés et c’est une des raisons pour lesquelles nous tissons un partenariat fort avec le secteur privé notamment avec des entreprises comme Bolloré, EBOMAF, etc.

9.2018, cela fait 10 ans que nous parlons de développement à la base. Après cette décennie d’exercice, le moment est peut être venu de jeter un regard rétrospectif sur le chemin parcouru. Quel a été le chemin parcouru ?

La rétrospective nous la faisons chaque année au cours d’un atelier bilan annuel. Nos actions sont planifiées annuellement, suivant des indicateurs définis en fonction de notre lettre de mission, et donc chaque année nous évaluons nos résultats pour ajuster ce qui doit l’être et renforcer ce qui le mérite.

Ceci dit, en 10 ans ce sont des centaines d’infrastructures socio-collectives réalisées, des centaines de comités de développement à la base restructurés, accompagnés et équipés au service de leurs communautés, des milliers de jeunes financés et accompagnés pour la création de leurs propres entreprises, des milliers d’artisans formés et équipés, plus de 29 millions de repas servis dans les cantines scolaires de 25% des cantons les plus pauvres du Togo,  29600 foyers bénéficiaires de transferts monétaires en 3 ans, des milliers de jeunes sensibilisés sur la citoyenneté, le civisme et des milliers de jeunes élèves bénéficiaires d’activités estivales saines (vacances utiles et citoyennes).

Dix ans, cela peut paraitre longs, mais les besoins des communautés à la base sont toujours nombreux et requièrent toute notre attention. Ainsi nous pouvons nous féliciter du chemin parcouru tout en restant mobilisés pour faire mieux et plus pour le bien-être de nos concitoyens.

10 -Quels sont vos projets pour 2019 ?

Nous allons évidemment poursuivre nos efforts dans nos domaines d’intervention et essayer de faire mieux que cette année.

Notre mission cette année s’articulera autour de 5 axes :

    • Poursuivre les actions de promotion de l’emploi des jeunes
    • Poursuivre et accroître les actions de renforcement des capacités des femmes afin d’accroître leur productivité et leur niveau de revenu
    • Poursuivre l’amélioration du cadre et des conditions de vie des communautés à la base
    • Poursuivre la mise en œuvre du Plan stratégique pour l’emploi des jeunes et du Plan d’Action Opérationnel de la Politique de la Jeunesse
    • Poursuivre la promotion de l’artisanat par l’amélioration des outils de pilotage et le renforcement des capacités opérationnelles

Vous savez que de nouveaux projets notamment le projet d’opportunités d’emplois pour les jeunes vulnérables (EJV) et le projet des filets sociaux de base (FSB) ont été lancés cette année et ont commencé à être opérationnaliser. A mise en œuvre de ces projets prendront leur vitesse de croisière en 2019.

11- Pour réussir tous les projets que vous avez imaginés, il vous fallait trouver des partenaires et mobiliser des ressources. En dehors de l’Etat lui-même, quels sont les autres partenaires qui vous font confiance ? Nous savons qu’il y a la Banque mondiale, l’Union Européenne, et quelques autres…

En effet, la Banque mondiale, le PNUD, la BAD, la BOAD, l’Union Européenne, le PAM, l’Ambassade de Chine, sont les principales institutions qui se tiennent à nos côtés dans nos efforts pour offrir le minimum vital commun à tous les Togolais, mais nous avons aussi noué de fructueux partenariats avec le groupe Bolloré, EBOMAF, les Banques comme Orabank et UTB…

Toutes ces institutions nous font confiance parce que nous avons mis en place un système de suivi-évaluation rigoureux qui garantit la bonne utilisation des ressources mobilisées et nous permettent par ricochet d’en mobiliser encore plus.

La réussite de nos actions tient aussi par notre capacité à susciter des dynamiques locales en mettant l’accent sur la responsabilisation et  l’auto-prise en charge des communautés à la base, le principe du faire-faire, éléments qui concourent à implanter un modèle de développement durable et inclusif basé sur des valeurs d’entraide, de solidarité et de responsabilité partagée.

 

12- Madame le Ministre, 2019 nous y sommes déjà. Pour terminer cet entretien, avez-vous quelques vœux à l’endroit de la population ?

 Mes premiers vœux iraient au Chef de l’Etat, Son Excellence Faure Essozimna GNASSINGBE pour sa confiance sans cesse renouvelée et la prise à cœur de l’amélioration des conditions de vie sur le plan socio-économique et des préoccupations  des populations à la base.

Je saisis cette occasion pour souhaiter mes vœux les meilleurs à chaque membre de ma famille,

Je voudrais également adresser toute ma sincère gratitude à tous nos partenaires techniques et financiers qui ne cessent de nous accompagner, pour l’atteinte de nos résultats,

A mes chers collaborateurs, Directeurs, coordonnateurs, chefs de service, à tout le personnel, je voudrais vous exprimer  ma reconnaissance, pour votre engagement et votre dévouement, sans oublié nos communautés à la base à qui je souhaite plein succès pour leur activité.

 

13- Que direz-vous en mot de fin ?

Nous sommes convaincus que le développement à la base est l’option qu’il fallait à notre pays. Il reste toutefois d’énormes défis à relever. Je voudrais ici saluer la foi que nos communautés ont en l’avenir et leur assurer que tous ensemble nous ferons rentrer le Togo dans le concert des nations émergentes, si nous restons mobilisés autour des objectifs que nous nous sommes assignés nous-même.

Merci une fois de plus à vous M. Gerardo, à tout le personnel de radio Victoire. Bonne fête de fin d’année à tous !